Luigi Dallapicolla
Originaire d’Istrie (petite péninsule située sur l’Adriatique), Luigi Dallapiccola a découvert l’opéra lors d’un séjour forcé à Graz en 1917-1918 qui décida pour ainsi dire de sa carrière musicale.
Après ses premières études musicales à Trieste où il eut la révélation -par son professeur d’harmonie- des œuvres de Debussy et Ravel, il acheva sa formation à Florence de 1922 à 1932 auprès d’Ernesto Consolo (piano) et Vitto Frazzi (harmonie, contrepoint, composition) notamment. En tant que compositeur, Luigi Dallapiccola a trouvé très tôt le type de musique qui devait le stimuler et l’orienter pendant plusieurs décennies :
« Comme chacun sait, une seule rencontre peut déterminer l’orientation d’une vie entière. La mienne fut déterminée la nuit du premier avril 1924 lorsque je vis Arnold Schönberg diriger son Pierrot lunaire à la Scala Bianca du Palazzo Pitti ».
Les années 1932-1941 coïncident avec les débuts publics du compositeur -sa Partita pour orchestre et Estate sont joués en 1933 en Italie, son Divertimento in quatro esercizi est interprété avec succès sous la direction d’Alfredo Casella en 1935 à Prague, et avec ses prises de position en faveur des tendances modernes de la musique (ses grands chocs sont provoqués par l’école de Vienne) et une opposition au fascisme de plus en plus prononcée.
A une seule exception près, toutes les œuvres que Dallapiccola compose entre 1925 et 1936 font appel à la voix humaine. Antoine Goléa avait ainsi remarqué l’une des prédilections de Luigi Dallapiccola jusqu’à ses dernières œuvres; il aurait pu ajouter qu’à l’époque, tout compositeur italien était imprégné de ce retour aux musiques anciennes prôné par Casella (à qui Dallapiccola dédia son Divertimento) entre autres. Avec, aussi, le goût du compositeur florentin pour les poésies anciennes et son souci rigoureux -à l’image d’un Gesualdo par exemple- de les mettre en valeur à travers la musique, l’esthétique de Estate et de la première série des Six chœurs d’après Michelange le jeune est grossièrement définie.
Pierre Michel