Relativement développés et composés pour un chœur mixte à six parties, les deux premiers des Six chœurs d’après Michelange le jeunedéploient un langage madrigalesque raffiné qui utilise tous les moyens musicaux généralement envisageables à cette époque. D’une écriture modale, ces deux chœurs, fondés sur des textes comiques du petit-neveu de Michelange, confirment la maîtrise de Dallapiccola dans un univers mi-contrapunctique, mi-harmonique; on note par exemple un jeu très diversifié sur la densité chorale : les six parties ne sont que rarement réunies et le compositeur opère une alternance ou une opposition de différents groupements vocaux. On retrouve ici une certaine imagerie sonore face aux textes (voir par exemple les vocalises de la soprano sur « Ah! » aux paroles « Avant que ne chante le coq » dans le premier chœur) qui engendre une grande souplesse de l’écriture en général. Le second chœur, plus énergique et plus nettement contrapuntique que le premier, est d’une richesse rythmique particulière: on y remarque des déplacements d’accents et de fréquents changements de mesure (dans les refrains surtout).
Pierre Michel