Clément Janequin doit être né à Chatellerault entre 1480 et 1490, et mourut vers 1560. Ronsard le donne pour un élève de Josquin, ce qui est assez vraisemblable. Il fut ecclésiastique, malgré la verdeur des textes qu’il choisissait.
Il fut abondamment édité, tant en France qu’à Rome, à Venise et à Anvers, et nous possédons près de trois cents de ses chansons, extrêmement diverses de formes et d’inspiration. Son nom évoque aussitôt les grandes chansons descriptives dont il fut le créateur, qui contribuèrent le plus à sa gloire et représentaient pour son temps une nouveauté au moins comparable à ce qui devait être le poème symphonique pour le XIXe siècle.
Ses nombreuses chansons légères, galantes ou libertines dont beaucoup sont exquises, ont une facture toujours élégante même quand les sous-entendus du texte sont très salés. Il sait varier ses procédés selon les genres qu’il aborde, tantôt l’homophonie dans les chansons de tour populaire, tantôt le contrepoint le plus régulier, dans les compositions plus relevées, ou bien l’une et l’autre alternativement à l’intérieur de la même pièce, et encore un phrasé très dessiné dans l’élégie. Il mit en musique, de Marot à Ronsard, les meilleurs poètes de son temps. Il mourut pauvre, semble-t-il, malgré les triomphes qu’il avait connus, première victime sans doute des éditeurs pirates qui ont dû exister dès l’origine de la profession.