2023

Pour 12 voix, violon soliste et éléctonique

Eurysthée, roi d’Argolide et décideur des douze travaux, veut obtenir les pommes d’or du jardin des Hespérides. Les Hespérides sont les nymphes du couchant, filles, selon les sources, d’Atlas ou de Zeus et d’Hesperis, déesse de la dernière heure du jour. Elles cultivent en leur jardin du bout du monde connu les pommes d’or, dot d’Hera lors de son mariage avec Zeus. Mais elles distribuent le fruit sacré, créant ainsi plusieurs discordes – dont la fameuse pomme « à la plus belle » qui a provoqué la guerre de Troie. Hera, pour les punir, fait garder le jardin par un dragon. D’après Apollonios de Rhodes Héraclès tue le dragon, dont le sang nourrit un arbre voisin devenu le dragonnier avec pour fruit la grenade. Effrayées, les Hespérides fuient, assistent au vol des pommes, sont métamorphosées en arbre puis en une constellation.
L’identification des pommes d’or aux oranges est une interprétation de la Renaissance – il est depuis prouvé que tous les agrumes viennent d’Asie. En raison du nom grec χρυσόμηλον (chrysomilon) une autre interprétation, fausse, est d’assimiler les pommes d’or au melon, dont les premiers plans cultivés viennent des sources du Nil. Il est plus probable que les pommes d’or soient des coings, fruits de la péninsule ibérique.
L’import des pommes d’or / coings de l’ouest vers l’est par Héraclès est la représentation mythologique de l’échange colombien, celui d’une espèce, animale ou végétale, apportée d’un endroit à un autre par l’homme. L’exemple le plus célèbre est, au XVIe siècle, l’apport de la tomate, venue d’Amérique centrale, en Europe, et devenue en peu de temps l’élément essentiel de quasiment toutes les cuisines méditerranéennes – les italiens n’ayant pas oublié les mythes antique l’appellent toujours « pommodoro ». Si l’échange colombien de la tomate (comme de bien d’autres plantes cultivées) connait encore une culture non invasive, il n’en est pas de nombreuses espèces dites « envahissantes » dont les caractéristiques sont l’élimination du biotope endémique et la dangerosité pour l’homme.
Ainsi foisonnent, pour se limiter à la flore terrestre et à la France, plusieurs plantes invasives néfastes : l’ambroisie (allergisante), la jussie rampante (toxique), la myriophile du Brésil (eutrophisation des points d’eau et pollution végétale), le robinier (toxique), et bien d’autres encore.

Les compositeurs