1878
version piano ou orgue
Avec 16 chanteurs au minimum.
Dès 1861, lassé par les médisances de certains milieux musicaux, de ses amis incertains comme BERLIOZ ou indignes comme WAGNER, de l’hostilité de Marie d’AGOULT, LISZT (1811-1886) s’établit à Rome et entre dans les ordres mineurs.
Partageant sa ferveur religieuse avec les « sentiments surnaturels » que lui prodigue depuis longtemps la Princesse WITTGENSTEIN, il écrit alors maintes pièces d’inspiration religieuse dont il lui dédie la quasi-totalité.
Années de pèlerinage, Oratorios (Christus), Requiem, nombreuses petites pièces pour choeurs religieux, et enfin ce colossal Saint Stanislas dont la Princesse a écrit le texte et qu’il n’achèvera jamais …
Autant d’œuvres qui trahissent une obsession de la mort et des paysages endeuillés.
Le « Via Crucis » est composé au cours de l’année 1878, année sans voyage que LISZT passe tout entière à travailler. Se levant à quatre heures tous les matins, il lit, compose ou médite jusqu’à midi, et donne des leçons l’après-midi.
L’œuvre est achevée le 21 Novembre. Elle pâtira toutefois du succès des « Septem Sacrament », joués l’année suivante dans les grandes villes d’Europe, et ne sera publiée qu’en 1936.
L’originalité harmonique est l’une des marques de « Via Crucis », qui mêle les éléments du chant grégorien, la musique modale du Moyen-âge, la polyphonie de l’ère palestrinienne ; mais aussi un langage nouveau, chargé de dissonances, d’intervalles inusités jusqu’alors, de modulations trompeuses, de frottements insidieux.
Après avoir vu LISZT précurseur du chromatisme wagnérien, puis du groupe de Cinq en sa période WEIMAR, on peut songer parfois, en entendant certaines de ces pages, à l’impressionnisme français, quand elles n’avoisinent pas franchement l’atonalité.