Bohuslav Martinů
” Martinů est allé son chemin tout droit, il est resté lui-même, sans se soucier des discussions esthétiques…il a écrit une musique d’une superbe élévation spirituelle, mais il avait le courage de s’exprimer dans un idiome sonore simple, direct, accessible, où la recherche du particulier savait toujours se subordonner à la grandeur de la ligne générale ”
Marcel Mihalovici
Après des études sans grand succès au Conservatoire de Prague, où il eut comme professeur Josef Suk, il entra, en 1913, comme second violon à l’Orchestre philharmonique tchèque.
1923 Après sa découverte du Poème de la forêt d’Albert Roussel et ayant toujours admiré Debussy, il décide de se rendre à Paris, désireux de suivre l’enseignement de Roussel qui l’accepta d’emblée comme élève, et c’est bien Martinů qui devait faire le plus honneur à son maître à travers ses compositions.
Pendant 17 ans, Martinů vécut à Paris, s’y maria, y fréquenta le groupe de musiciens d’Europe centrale de l’Ecole de Paris. En 1932, son Sextuor à cordes remporte le Prix Elizabeth Sprague Coolidge.
1940 Poursuivi par les nazis, il connaît l’exode à travers la France et s’embarque pour les Etats-Unis où il arrive en 1941.
1942 Serge Koussevitski lui obtient une chaire à l’université de Princeton et lui commande sa 1ère Symphonie.
1953 Il retourne en Europe, mais il ne reverra jamais sa patrie : il finira sa vie surtout en Suisse où il sera souvent l’hôte de Paul Sacher.
Après Villa-Lobos et Milhaud, Martinů reste l’un des musiciens les plus féconds du 20ème siècle. On peut définir 3 grandes périodes de création :
De 1924 à 1938 Le compositeur prend possession de son langage où domine le rythme (influence de la danse tchèque, de la polka), il écrit de nombreuses œuvres instrumentales, surtout en musique de chambre : 5 Quatuors à cordes, 4 Sonates pour violon et piano, 2 Trios à cordes, Trio avec piano, Quintette à cordes, Quintette à vent, Sextuor à cordes, 4 Sérénades, œuvres pour piano…
Durant cette période, il compose aussi plusieurs opéras dont Julietta, œuvre typiquement tchèque dans laquelle Martinů chante son terroir natal, et des concertos (pour piano, pour violoncelle, pour violon, pour clavecin…)
De 1938 à 1950 :L’ère symphonique s’ouvre avec les 5 premières Symphonies, écrites coup sur coup (1942-46), c’est l’époque aussi des grandes œuvres pour orchestre : Concerto pour 2 orchestres à cordes, piano et timbales, suite des concertos en tout genre, Sinfonietta giocosa, 6ème et 7ème Quatuors à cordes, 5ème Sonate pour piano et violon… L’harmonie gagne en plénitude et en originalité.
De 1950 à 1959 L’art de Martinů s’oriente vers une sorte de néo-impressionnisme romantique, illustré par un retour à l’opéra, d’une grande diversité de sujets : De quoi vivent les hommes, le Mariage, Mirandolina, Ariane, la Passion grecque. Un nouveau flot de musique de chambre s’ajoute à de nouvelles partitions orchestrales telles la 6ème Symphonie, les Fresques de Piero della Francesca, les Paraboles…
Le langage de Martinů tire une partie de sa substance du folklore tchèque, sans jamais le citer réellement. Deux autres influences ont marqué l’œuvre de Martinů : celle de Debussy et de la musique française, d’une part, celle du madrigal anglais d’époque élisabéthaine, d’autre part. Grand symphoniste, Martinů base sa conception orchestrale sur le principe du concerto grosso et à la suite de Carl Nielsen et Gustav Mahler, il adopte le concept de tonalité évolutive. A l’encontre des postromantiques, il a toujours recherché la poésie profonde des choses simples.
Biographie réalisée par les services de documentation interne de Radio-France