Mise en scène Ariel Garcia-Valdez
Texte Raphaël Cluzel
Durée : 31 minutes
Le Syllabaire pour Phèdre de Maurice Ohana est un opéra de chambre : forme brève, orchestration concentrée autour de quelques instruments aux couleurs et aux timbres particuliers, caractéristiques de l’univers de Ohana, un effectif vocal ramassé autour de quelques solistes et un chœur de douze voix. Pièce radiophonique dans sa conception première, puis destinée à la scène, tout dans cette œuvre est suggéré plutôt que raconté, mais un drame se déroule inexorablement. Le destin ses personnages filé par les Parques invisibles s’accomplit selon un rituel immuable. Ce temps ineffable pour chacun de nous, celui qui est déjà tracé, ce temps n’est pas celui de la durée, mais celui du chemin qui est à faire. L’œuvre ainsi est naturellement courte.
A ces 35 minutes denses, il fallait donc un pendant. La source des images de Patrick Burgan s’inscrit merveilleusement dans ce contexte. L’œuvre est un autre facette du temps, celui de Narcisse qui s’arrête à son image, explorant dans le miroir de la source un être, et sans doute un devenir, aux multiples visages. L’orchestration, sensiblement la même, donne aux deux œuvres juxtaposées une unité singulière, comme la première appartenance au monde de l’inouï, un imaginaire sonore tout en subtilité.
Il ne fallait rompre le charme, et c’est pourquoi le spectacle se présente sans entracte, comme un tout. Un intermède musical, comme un trait d’union, relie les deux univers, la musique servant alors de bascule au temps.
Roland Hayrabedian