Pour 6 instruments.
« Le mot Séraï est le nom d’une skite (sorte de monastère) du Mont Athos où j’ai pu faire deux séjours de quelques semaines au moment des fêtes de Pâques en 1995 et 1996. Déserté, le Séraï se trouve tout près de Karyes, « chef lieu » de l’Athos, où la liturgie garde la mémoire intacte du moine chanteur Firferis et des traditions qu’il a entremêlées des chants byzantins et soufis. Les influences musicales de ce séjour sont difficiles à énumérer et je me contenterai de dire que le souvenir du « Séraï », immense monastère russe en ruines, ouvrant ses fenêtres et ses terrasses sur la mer Egée, ne m’a jamais quitté pendant la composition. Ses dimensions lui ont valu son nom de palais dont j’ai conservé l’orthographe turque (séraï ou seraj) et dont le second sens (harem) ajoute une note d’humour dans ce lieu où depuis plus de mille ans n’ont vécu que des hommes.
En plus du temps passé à y composer et de la musique que j’y ai entendue, la mot Séraï m’a servi à désigner une forme musicale fermée. Pour délimiter le temps, la musique se répète, par la reprise complète d’une séquence ou parfois par le simple rappel d’un intervalle, d’un timbre, ou d’un geste.
Séraï a été composée à la demande de l’Institut français de Thessalonique pour participer aux festivités de l’année 1997 pendant laquelle Salonique a été élue Capitale européenne de la culture. Elle a été créée par Musicatreize.»
Laurent Martin