1917

Durée : 35 minutes

L’œuvre est construite en deux parties dont les différents tableaux s’enchaînent. On assiste successivement à la cérémonie de la tresse, on pénètre au domicile de la future mariée, on assiste au départ de la future mariée, on assiste au départ de la mariée pour ses noces, voici enfin le repas de noces dans la seconde partie. STRAVINSKY qui habite à Clarens en Suisse à cette époque-là avait emporté de Russie un recueil de chants populaires où figuraient des chants de noces. C’est à partir d’eux qu’il écrit sa partition non sans avoir recomposé les textes ou en avoir ajouté de son crû, indécelables dans la continuité. Les deux parties offrent chacune un regard sur la cérémonie.

La première se passe dans l’intimité familiale. Stravinsky déploie des trésors d’astuce rythmique pour suggérer la fièvre qui s’empare de la famille à l’orée d’un si grand évènement. Pour parvenir à nous en donner l’illusion, il emploie un jeu complexe de transformations rythmiques, de répétitions de thèmes, de ruptures constantes du tempo, de groupes vocaux renouvelés à grande vitesse. On est dans une activité sans relâche, la musique débridée fonctionne comme une caméra à l’épaule, elle surprend toutes les actions de la préparation de la noce par fragments, et les présente juxtaposés, chaque tâche chassant l’autre. On passe ainsi sans rupture des inquiétudes de la future concernant sa virginité aux lamentations de ses parents. Le traitement syllabique (une note / une syllabe)donne à la fois un caractère dynamique et fait l’effet d’un plongeon dans l’imagerie traditionnelle de la Sainte Russie.

La seconde partie se situe au moment de la fête avec les convives. C’est un tutti endiablé qui se termine dans l’inquiétude d’un appel de cloches et d’un effet d’éloignement. L’orchestration est si efficace que la noce semble s’éloigner, retourner dans l’histoire immémoriale dont elle est issue et dont elle prolonge les racines.

Les compositeurs