1723

Le Magnificat est un chant de Marie rapporté par Luc dans son Évangile, il est la réponse de la Vierge à sa cousine quand elle la qualifia de « femme bénie entre toute les femmes ». La première remarque à faire concerne la langue, s’agissant pourtant du plus grand compositeur de musique liturgique réformée, cette œuvre utilise ici le texte latin. La version allemande du cantique existait (Meine seele erhebet den Herrn utilisé après lui par Mendelssohn). Cependant dans les circonstances des grandes fêtes religieuses chrétiennes, l’archevêché de Leipzig autorisait le texte latin.

Ainsi c’est pour l’occasion de Noël 1723 que l’œuvre fut écrite. Il s’agissait alors d’une version provisoire comprenant quatre textes en allemand pour l’occasion et utilisant la tonalité de mi bémol majeur. Comme nous l’avons rappelé plus haut, le Magnificat est un texte chanté par Marie. Cependant Bach n’en fait pas un grand air pour voix aiguë, il n’est en effet pas question ici, comme il pourrait l’être dans une Passion, de personnifier Marie. Bien au contraire, le texte est fragmenté en douze numéros, utilisant chacun une configuration orchestrale et vocale différente. L’interprétation du Magnificat demande ainsi un chœur à cinq voix, cinq solistes, une paire de flûtes traversières, autant de hautbois, un trio de trompettes, cordes, timbales et continuo.

Après une brillante ouverture orchestrale où éclatent la virtuosité du trio de trompettes au milieu de l’orchestre au grand complet, le chœur polyphonique exprime tout la joie du Magnificat au travers des vocalises, des entrées en fugatto, et des puissantes reprises d’ensemble. Après la conclusion orchestrale, c’est l’aspect le plus intime du texte qui ressort dans l’air solo de la Soprano II, intimité qui n’empêche nullement la joie ici sur un rythme de menuet. Le discours devient plus humble avec l’air de Soprano I dialoguant avec le hautbois, mais c’est avec un contraste éloquent que l’évocation solitaire s’enchaîne sur le chœur polyphonique…

Les compositeurs