1528
C’est sous le signe d’un oiseau chanteur, l’Alouette, que Clément Janequin pénètre dans l’histoire de la Musique en 1520.
Dans Le chant des oyseaulx (1528) , vague dérivé du virelai, le style de Clément Janequin est reconnaissable par le jeu phonique, rythmique et contrapuntique sur les onomatopées, qu’il exploitera et transposera même, on le sait, à d’autres objets : batailles, bruits urbains, cris, chasses…
Janequin emprunte aussi une autre idée, déjà manifeste au XIVe siècle : le jeu sur les « sonorités sauvages » – certes retravaillées, manipulées – sorte de langage objet, est toujours intégré dans le déroulement discursif d’un texte (langage sujet) qu’il vient périodiquement interrompre, installant ainsi une alternance de styles musicaux contrastés dont le musicien joue avec mille nuances.
Les trois chansons, Le chant de l’alouette, Le chant des oyseaulx, Le chant du rossignol, réunies dans le même recueil de 1537 – avec la Chasse et la Guerre – connaîtront un réel succès, attesté par de nombreuses rééditions et adaptations tout au long du XVIe siècle.
Dans les Le chant des oyseaulx, le jeu avec les sonorités du texte s’intègre à un projet expressif, en l’occurrence au service du récit humoristique, comme ailleurs il est au service de l’imitation de la nature, du pittoresque ou de l’émotion lyrique. On comprend alors pourquoi, chez Janequin, le goût pour les chants d’oiseaux ne s’est jamais démenti, des premiers essais de 1520 aux dernières chansons des années 1550 : il est au cœur de son activité créatrice, au cœur du jeu poéticomusical qu’est la chanson polyphonique.
D’après le texte de Jean-Pierre OUVRARD
Texte tiré du livret de l’enregistrement Le chant des oyseaulx par l’Ensemble Clément Janequin chez Harmonia Mundi