1995

Dès que Roland Hayrabedian m’eut passé commande, pour l’Ensemble Musicatreize, d’une chanson d’amour qui serait intégrée à un spectacle Janequin-Ohana, je demandais un texte au poète et artiste plasticien Francisco Ruiz de Infante. Pour l’aider dans son travail d’écriture, je lui fournissais en exemple le sonnet de Louize Labé O beaux yeux brunsmis en musique par Maurice Ohana.

Et le résultat fut La Voix. « Embrasser la source de ta voix » , dit Ruiz de Infante. « Les mots, non. Les bras, non. Les mains, non. La voix ! ». A partir de ce texte, très piquant pour le musicien que je suis qui écrit beaucoup pour le lyrique, j’ai composé un madrigal à cinq voix. Et pour en élaborer l’axe structurel, j’ai suivi celui du texte : de même que celui-ci est entièrement centré sur les derniers mots « la voix », de même le madrigal  est-il agencé de manière à mettre en relief la chute : une vocalise de la seule soprano. Quant au terme « madrigal » que je revendique, bien sûr il situe la perspective dans laquelle je me suis engagé, celle du jeu des contrastes, du goût des audaces surprenantes, bref, celle d’une italianité gesualdienne.

                                                                                                                                           André Bon

Les compositeurs