Philippe Gouttenoire est né en 1962 à Saint-Just-La-Pendue, près de Lyon. Il s’initie à la musique en autodidacte avant d’entrer à l’École nationale de musique (ENM) de Villeurbanne (1981) et d’étudier le violoncelle ainsi que l’écriture avec Antoine Duhamel. Il approche un large répertoire symphonique au sein de l’Ensemble orchestral de Bourgogne ou en formation de chambre à Villeurbanne et dans la région roannaise. En 1986, il entre au Conservatoire supérieur de Lyon et se forme à la composition dans la classe de Raffi Ourgandjian puis de Gilbert Amy. Il est diplômé du Conservatoire supérieur de Lyon en 1990, après y avoir suivi également des cours d’orchestration, d’analyse (option vingtième siècle), de direction d’ensembles instrumentaux et d’ethnomusicologie (classe de Jean-Louis Florentz).

Il participe aussi à de nombreux séminaires de composition dont ceux de Klaus Huber et György Kurtag. En 1992, il obtient le prix de composition de l’Office franco-québécois pour la jeunesse avec Ramure pour grand orchestre.

Parallèlement à sa carrière de compositeur, Philippe Gouttenoire mène une activité d’enseignant. De 1983 à 1988, il donne des cours de solfège et formation musicale, de violoncelle, d’analyse et d’harmonie dans plusieurs villes de la région roannaise (Roanne, Le Coteau, Riorges…). Il intervient ensuite au CFMI (Centre de formation du musicien intervenant) de Lyon (1988-1991) puis devient assistant en formation musicale et analyse au Conservatoire supérieur de Lyon, avant d’obtenir le C.A. (Certificat d’aptitude) de professeur de culture musicale en 1993 et d’être nommé professeur titulaire de cette classe (1996). Il est également responsable de l’atelier du XXe siècle du Conservatoire supérieur de Lyon (1995-1997).

Philippe Gouttenoire reçoit de nombreuses commandes dont des commandes d’État :Agni pour chœur de femmes et deux violoncelles (1993), Après solaris pour ensemble (1996), O Strana Morte pour treize voix mixtes (1998), Requiem all’aurora pour cinq voix solistes, chœur mixte et ensemble instrumental (2001), Lieux (in)communs pour soprano et quatuor à cordes (2006).

Il compose pour tout type d’effectif : instrument seul (Stances pour cor, 1987), musique de chambre (Lueurs-élans figés pour violon et alto, 1993 ; Quatuor no 1, 1997), musique orchestrale (Ramure, 1992 ; Phorkys, 2004), et donne une place prépondérante à la musique vocale. Il a notamment écrit pour l’ensemble Musicatreize (O strana morte, 1998 ; Cypris, 2003), les BBC Singers (… Alba, notte, 1991), les Neue Vocalsolisten Stuttgart (Un creux toujours futur, 2004) ou encore l’ensemble Britten (Agni, 1992 ; Les ombres ne sont pas vêtues, 2012). Il utilise des textes de Pierre Coran, de Paul Valéry, de Guiseppe Ungaretti, d’Empedocle d’Agrigente, de Max Jacob ou encore des écrits en langues anciennes (Cypris, sur des poèmes érotiques en grec ancien). Soucieux de mettre en musique des langues qu’il ne parle pas directement, il s’empare du grec, de l’arménien, du portugais et souvent de l’italien. Dans Aïeule noire… Déesse au visage de masque pour soprano et dispositif électronique (1993), il utilise un texte constitué de noms de masques africains. Il donne à la poésie une dimension mythique, idéale, archétypale et interroge la relation entre musique et texte, utilisant les syllabes non signifiantes pour leurs seules valeurs sonores et leurs spécificités de timbre. Les possibilités sonores et articulatoires sont envisagées de leur point de vue musical et phonologique : choc des occlusives, résonances buccales. Dans Lolein, quatre logomacchies paradisiaques pour douze voix mixtes (2010), Philippe Gouttenoire se libère de tout texte pré-écrit et travaille la voix au plus près de son origine. Il libère ainsi l’énergie des sons vocaux et suit la prosodie d’une langue dépourvue de signification. (CDMC)