2011
Pour douze voix mixtes
Durée : 15 minutes
Création le 12 février 2011 à la Cité de la Musique à Paris
Une logomachie est un assemblage de mots creux, un discours dénué de sens, mais c’est aussi à l’origine une joute verbale, un combat avec des mots. La proximité sonore et étymologique avec tauromachie semble même évoquer une confrontation violente, une joute contre les mots eux-mêmes, contre leur matérialité sonore.
Dans “Les Paradisiaques”, Pascal Quignard interroge les conditions de l’intimité humaine et les lieux possibles du paradis perdu. Il fait l’hypothèse que ce lieu édénique, au plus près de l’intime, se trouve autour plutôt qu’il n’est à l’intérieur de nous ; mémoire lointaine de notre vie utérine où les voix n’étaient qu’écoutées, enveloppantes.
Ainsi dans cette pièce, je me suis libéré de tout texte pré-écrit, pour tenter de travailler la voix au plus près de son origine, dans sa nativité d’avant le langage appris, imposé. Libérer l’énergie des sons vocaux afin de construire cet espace intime qui se peut trouver dans le son lui-même, au creux de sa résonance éphémère, dans le flux et reflux de sa respiration. Faire taire le sens des mots pour trouver l’indéfait de la sensation et suivre la prosodie d’une langue d’en deçà, dépourvue de signification et qui pourtant fut tout.
Philippe Gouttenoire