Édito

Nous l’appellerons Hercule

Hercule, ce paresseux, nous occupe encore cette saison. Il lui reste quantité de travaux à achever, mais les accomplit il vraiment lui-même ? Nous n’avons pu trancher la saison dernière, tâchons de le faire cette année.
Et commençons par le premier, celui qui, soi-disant, va lui procurer une force supplémentaire. En effet en tuant tout d’abord le Lion de Némée et s’emparant de la peau dont il se vêt à la moindre occasion, Hercule jouit, semble-t-il, d’une vigueur incomparable. Fier de son nouveau look, il veut que tout le monde sache son incroyable force et, par l’intermédiaire de Musicatreize, propose à Philippe Hersant de composer une ode pour cette entrée fracassante dans l’histoire. Pensez donc ! Le premier travail, cela se fête ! Et il compte bien en faire un certain nombre ! Et comme cela vaut le coup de comprendre pourquoi ce demi-dieu est si chanceux, penchons-nous sur son berceau, bien aidés par Patrick Burgan : enfant bien né, de sang divin, une cuillère d’argent
dans la bouche ou usurpateur de talent ? Vous aurez la réponse dès le mois de février dans le foyer de l’Opéra de Marseille.

Il est fort, le bougre, mais n’a-t-il pas pour autant des faiblesses ? D’ailleurs un bon journaliste d’investigation se demanderait aujourd’hui ce qu’il a bien pu faire entre chacun de ses douze travaux. Ça, ça émoustille nos sens. S’est-il arrêté en chemin pour conter fleurette ? A-t-il tout de même pris une douche après avoir nettoyé les écuries d’Augias ? S’est-il adonné aux sports de glisse après avoir poursuivi le sanglier d’Erymanthe aux sommets des monts d’Arcadie ? Public intrigué ou Hercule en herbe, je veux dire Hercule… Poirot bien sûr, votre talent d’enquêteur ou de journaliste nous intéresse. Participez aux ateliers d’écriture, donnez-nous votre avis sur ce sujet et de jeunes compositeurs sauront mettre des sons sur vos mots.

Alors pourquoi paresseux ? Bah, il faut bien le dire, il paraît qu’il a mis douze ans pour venir à bout de ses douze travaux. Un par an, le rendement est faible… Nous, nous nous y sommes mis voici deux ans, et en trois saisons en voici huit. Hop ! Ça c’est fort. Et puis, nous ne faisons pas que cela, voyez le Cnav avec ses stages, ses actions tout-terrain, ses commandes pour les chœurs amateurs. Nos Folksongs, premier concert d’une série de trois dans le Foyer de l’Opéra. Et puis nous aussi on voyage. D’accord en train cela va plus vite qu’à pied, mais la Belgique ou Florence ça fait un bout ! Et encore Hercule avec ses douze travaux à l’Odéon. Décidément celui-là, quel opportuniste, il veut toujours apparaître sur la photo. Belle gueule d’accord, mais paresseux, ça je le maintiens. Douze en douze ans, minable non ? Nous l’an prochain, c’est quatre d’un coup. Feux d’artifice !

Roland Hayrabedian
directeur artistique