Michel Decoust
Né en 1936, baignant dans la musique dès son enfance, Michel Decoust s’engage entièrement dans cette carrière à la fin des années 50. Parcours marqué par toutes sortes de dualités, à commencer par celle qui frappe toute la musique savante en Europe à cette époque: écrire sériel ou pas, revendiquer l’appartenance à une avant-garde ou non. Une alternative contournée et maîtrisée, puisque Decoust est à la fois l’homme d’un Prix de Rome (1963) et la cause d’un scandale esthétique, à la suite d’une œuvre expérimentale avec sons atomisés, écrite pour l’Orchestre National et créée dans la Cathédrale de Royan (1967).
Hésitant à ses débuts entre la composition et la direction d’orchestre, il mène finalement de front les deux métiers, le second jusqu’aux années 80. En 1973, il créé avec Irène Jarsky et Martine Joste le Conservatoire de Pantin, après avoir participé, à la demande de Marcel Landowski, à la fondation de l’Orchestre des Pays de la Loire de 1967 à 1971.
En 1975, il est invité par Pierre Boulez à diriger le département pédagogique de l’Ircam (où il est davantage intéressé par la recherche d’outils nouveaux pour l’analyse et la pédagogie que par l’ordinateur en tant que tel). Il retourne ensuite au Ministère de la Culture, où il rassemble et soutient de multiples studios de recherche. Michel Decoust est donc le fédérateur de deux mondes, comme si son propre parcours esthétique (qui l’a mené d’une formation classique au Conservatoire à la musique la plus conceptuelle, puis à une véritable libération vis-à-vis de tout diktat esthétique) trouvait là une raison d’être.
Se définissant lui-même comme «entrepreneur» et «bâtisseur», Michel Decoust ne pouvait que refuser toute forme d’exclusion et d’esprit de chapelle: à ses débuts, les concerts du Domaine musical et ceux de la Radio l’attirent également. Quarante ans plus tard, il compose un premier opéra, sans renier aucune des étapes précédentes – la voix étant d’ailleurs l’un de ses champs créateurs privilégiés…
Hélène Pierrakos