Le psaume 126, « Nisi Dominus », qui fait partie des « Chants des Montées » – ceux que les Hébreux chantaient en montant vers le temple de Jérusalem -, est un psaume d’instruction. Le juste y est invité à savoir mettre toute sa confiance dans le Seigneur, à s’abandonner à Son amour comme on s’abandonne au sommeil, dans la certitude d’en être récompensé à travers une descendance forte et puissante.

Selon la pratique en vigueur pendant toute l’époque dite baroque, le sens du texte est souligné musicalement par divers procédés d’emphase destinés à  l’éclairer et à le rendre le plus persuasif possible pour les fidèles. Notons ici :

– l’insistance de la répétition de l’incipit « Nisi Dominus … » énoncé 9 fois par des voix solistes avant d’être repris par le chœur à 6 voix, mettant en évidence par contraste la nudité de « in vanum laboraverunt » qui lui est opposé ;

– l’impérieux commandement du « surgite » (levez-vous) confié à une voix seule, tel un appel de trompette ;

– la courbe descendante, chargée de retards faisant dissonance, associée à l’idée du « pain de douleur » ;

– le statisme illustrant l’évocation du sommeil ;

– l’abondance fourmillante de l’héritage, et le figuralisme direct des flèches acérées et rapides ;

– la tranquille et solide assise harmonique de « l’homme heureux… »

 

Les compositeurs