2008
Musique Bruno Mantovani
Texte Hubert Nyssen
Mise en scène Jeanne Roth
Illustrations André Beaurepaire
Cycle : Les 7 contes
Telle est la mésaventure d’un homme qui, passant rue de Lille à Paris, aperçoit dans une vitrine la gravure de ses rêves, L’enterrement de Mozart : après être entré dans la boutique, il est contraint d’entendre divaguer le vieillard qui possède l’image et l’exhibe pour attirer dans son antre des inconnus auxquels il raconte la disparition d’Aristide, un chien philosophe qui lui tint longtemps compagnie. Dans cette mésaventure vécue, j’aimais les artifices du faux se mêlant au vraisemblable. Mozart n’eut pas d’enterrement, il fut jeté à la fosse commune, la gravure est connue sous le titre Le convoi du pauvre, et c’est Beethoven qui l’aurait baptisée L’enterrement de Mozart. Quant à Aristide, le cabot philosophe, il est manifestement inspiré par le souvenir de Medji, le chien de Sophie, dans Le journal d’un fou de Gogol que j’ai porté jadis à la scène. J’ai donc vu là une métaphore de notre époque où, par images et clameurs, de multiples impostures et injonctions envahissent notre imaginaire. Et je songeais à en faire une dramatique pour la radio quand une revue me demanda une nouvelle pour un recueil collectif. DeL’enterrement de Mozart je fis un conte baroque. Et c’est à ce conte que je revins quand Bruno Mantovani et Roland Hayrabedian pour Musicatreize me demandèrent si j’avais un sujet à leur proposer. J’ai longuement écouté la musique de Bruno où la voix humaine se mêle malicieusement à celles des instruments, et j’avais l’impression de palper les étoffes qui habilleraient les mots que je disposerais dans un nouveau texte. J’ai donc récrit le conte baroque en le métamorphosant par un dialogue multiple, syncopé, parfois même bouffon, dont Bruno Mantovani pourrait se servir comme de séquences ou syntagmes sonores dans le jeu acrobatique des voix et des instruments.
Hubert Nyssen