2015
Pour 8 chanteurs, violon, violoncelle, flûte, clarinette, euphonium, accordéon, guitare, orgue Hammond
Dans le cadre du cycle “Les cantates policières”
Peut-on décrire en détail à l’opéra les effets mortels produits par une plante toxique dans le corps d’un personnage de fiction ?
La trame de La Digitale commence dans l’atmosphère glacée d’une pièce close d’un commissariat. Flore, jeune fille à la fois fragile et impétueuse, porte un destin tragique qui l’a mené au crime, au meurtre. Deux inspecteurs l’interrogent mais personne ne sait que peu avant, elle a pris une dose létale d’une décoction de digitale.
Cet opéra est, en effet, une oeuvre toxique. De la réaction psychédélique de l’empoisonnement de Flore et du trajet progressif du poison dans son corps. Elle meurt progressivement, chantant son désespoir sur une masse froide de sons électriques. Sa voix sera plusieurs voix : la voix chantée, lyrique, traditionnelle, et une voix harmonique échappée des oscillateurs des instruments amplifiés (orgue Hammond, guitare électrique) qui retrace le crime, la culpabilité, l’innocence, l’impossibilité d’échappement…
Cet opéra met en avant la relation entre le spectateur et l’action théâtrale. Le public pourra à certains moments de l’oeuvre écouter et voir comme s’il se trouvait à l’intérieur du cerveau de Flore et vivre l’expérience de l’empoisonnement. Un opéra sur un poison toxique deviendrait ainsi une expérience toxique.
La Digitale est le premier volet d’un cycle de trois opéras de chambre qui retracent l’histoire de trois femmes d’une même famille condamnées à la folie et la mort. Autant un polar qu’une tragédie, La Digitale sera une porte ouverte à une autre dimension de la perception, à une expérience fantasmagorique confinée à l’intérieur d’une musique proche du silence, étouffée par le corps de Flore, et filtrée par les toxines de la digitale.
Juan Pablo Carreño