2000
Chœur d’hommes (huit voix), 4 cors, sur des poèmes d’Arthur Rimbaud.
Durée : 15 minutes
Commande d’Etat ; pièce du cycle “ Musiques, an 13 ” pour la célébration du 13e anniversaire de Musicatreize, créée le 13 juillet 2000 en coproduction avec le Festival de Marseille.
Ce cycle requiert un effectif inhabituel, constitué d’un chœur d’hommes et de quatre cors. Le Nachtgesang im Walde de Franz Schubert constitue un précédent, une œuvre de référence. Malgré son titre (Chant de nuit dans la forêt), la pièce de Schubert est lumineuse et fervente. Les cors conduisent le chœur tout au long de l’œuvre. Il en va de même dans mes Illuminations, où les cors jouent un rôle déterminant.
J’ai mis en musique quatre poèmes du recueil de Rimbaud. Ils s’enchaînent sans interruption.
Ce sont des textes énigmatiques, parfois obscurs, et qui laissent le champ libre à bien des interprétations. C’est une des difficultés de cette poésie avec le style volontiers heurté de sa prosodie.
Angoisse et violence, énergie et impatience caractérisent le dernier opus rimbaldien. Le premier poème que j’ai choisi (Veillées I), semble décrire un rêve éveillé. C’est un des rares textes à proposer une vision sereine, équilibrée de la vie (malgré les derniers mots qui marquent une nette déception). La musique est essentiellement dévolue à un ténor solo et deux cors (l’effectif complet ponctue régulièrement les interventions solistes, de façon responsoriale).
Démocratie, au contraire, est un texte très violent. C’est une diatribe contre les guerres coloniales, contre l’occident. Le chœur chante de façon heurtée, saccadée, tandis que les cors entonnent une fanfare discordante.
Enfance IV est plus spécialement dévolu aux voix. Un glissando ascendant constitue l’élément principal, quasi obsessionnel, de ce morceau. Il se développera dans la dernière strophe, où je me suis inspiré des étonnantes polyphonies des aborigènes Budun de Taïwan.
Le dernier poème, A une raison, est un texte utopique dans lequel Rimbaud appelle de ses vœux un nouvel ordre des choses, qui fera régner l’amour et l’harmonie. On retrouve, mais sur un mode plus joyeux, l’énergie et le mouvement qui animaient les fanfares de Démocratie. L’épilogue joue un rôle récapitulatif et fait entendre à nouveau les appels de cors du début.
Illuminations est une commande du Ministère de la Culture. Cette œuvre a été écrite à la demande de Roland Hayrabedian et de l’Ensemble Musicatreize. Elle leur est dédiée.
Philippe Hersant