1938
Cantate pour chœur de voix mixtes et deux pianos, deux harpes et six percussions.
Une pièce lente, scandée en forme de plainte et de lamentation contre la tyrannie de la captivité, éthérée et insistante, philosophiquement et esthétiquement liée à l’autre pièce majeure du compositeur, l’opéra Il Prigionerio (le prisonnier). De façon innovante, elle emploie le plein chant pour le chœur, les instruments d’accompagnement étant utilisés sous forme de guirlande. Dès les premières notes de la pièce, et à plusieurs reprises, on reconnait la réminiscence d’un chant Grégorien, le Dies Irae de la Messe des Morts, comme un symbole (déjà maintes fois repris en musique, que ce soit dans la Symphonie Fantastique de Berlioz, la Totentantz de Liszt, ou encore la Rhapsodie sur un Thème de Paganini de Rachmaninoff). Trois chants, en 3 mouvements, sur des textes anciens (Prière de Marie Stuart, durant les dernières années de son emprisonnement, l’Invocation de Boèce, avec l’utilisation des seules voix de femmes, l’Adieu de Savonarole, un psaume du moine idéaliste halluciné) qui ont pris naissance comme protestation contre les manifestes anti-racial puis antisémites de Mussolini de Juillet et Septembre 1938. Composée en même temps que Vol de Nuit, la pièce est emblématique du style de maturité du compositeur, alliant dodécaphonisme et diatonisme (une série de 12 sons tonale et atonale). De la même veine, la pièce Canti di Liberazione (1951-1955), viendra nous interpeller en invoquant l’incarcération et la libération des Juifs dans les camps Nazis (pointilliste, davantage Webernien).